A Wambrechies, petite bourgade nordiste ancrée le long de la Deûle, s’érigeait discrètement entre le fleuve et quelques arbres centenaires, une bâtisse enfermant de drôles de machines électriques venues d’un autre temps. Elles étaient jalousement gardées par un groupe de passionnés qui n’avaient qu’une idée en tête : faire revivre ces monstres ferroviaires.
Ma foi, comme nous entretenions de bonnes relations avec deux d’entre eux, ces derniers nous invitèrent à découvrir leurs engins et, par là même, leur passion – qui, soit dit en passant, ne diffère pas tellement de la notre ! – pour ces merveilles électrifiées qui arpentaient les rues de nos cités jadis. Une sortie fût donc organisée à cet effet et comme l’année était déjà bien remplie, décision fut prise que ce serait la dernière sortie club, en fin d’année : le fameux regommage avant l’hibernation de nos déesses à quatre roues.
C’est ainsi qu’après avoir découvert, il y a quelques temps déjà, deux magnifiques locomotives à vapeur, elles aussi bichonnées par une autre tribu de passionnés, nous avons fait connaissance avec, pourrait-on dire, deux de leurs petits cousins : les tramways. Nos deux hôtes étaient des modèles électriques, déjà bien plus récents et plus élaborés que les premiers tramways qui étaient tirés par des chevaux à la fin du 19ème siècle. De plus, et grâce à cette équipe de passionnés, ils étaient (et sont toujours) roulants. Une belle restauration, puis un entretien régulier et rigoureux, accompagnés d’une reconstruction de voie ferrée le long de la Deûle, ont permis ce retour à la vie.
Bien entendu, le voyage ne peut guère dépasser quelques minutes, vu que la « ligne », restreinte, ne mesure que trois kilomètres en tout et pour tout. On doit donc se contenter d’un bref aller-retour au milieu des cyclistes et autres joggeurs locaux. Mais ne jetons surtout pas la pierre à nos machinistes en herbe : le travail accompli pour arriver à ce résultat est déjà énorme ! Et il nous permet de revivre un peu, aujourd’hui, ce qu’ont vécu nos aïeux, il y a quelques décennies.
Nous avons commencé la journée par une balade au road book très pittoresque entre Halluin et Wambrechies, en passant par Linselles et Verlinghem où l’ARH a offert l’apéro . Un temps magnifique nous a accompagné tout au long de la journée. A midi, nous avons fait escale au restaurant « Tomate-Cerise » de Wambrechies. Un accueil très chaleureux et un repas qui a contenté tout le groupe. Faut dire qu’il était appétissant, copieux et délicieux… …Que demander de plus ? Et c’est l’après midi que nous avons rejoint l’antre des trams.
Le voyage, bien que très court, ne fut pas d’un confort inoubliable. Ces vieilles guimbardes, bien que robustes et fiables, ne se déplacent qu’en tremblant et cahotant ça et là, le tout agrémenté d’un bruit incessant de frottements de ferraille et de bois. Mais c’est tant mieux car c’est exactement ce qu’on était venu chercher : du pittoresque, de l’aventure, du rétro, bref du dépaysement ! Et en cela, ce fut très réussi : d’abord, chacun de nous a pu embarquer dans les deux motrices, l’une après l’autre. Nous nous étions séparés en deux groupes, chacun à bord d’une machine et avons permuté au retour. Et nos hôtes avaient joué le jeu jusqu’au bout, arborant de magnifiques et véritables uniformes de machinistes.
En marge de ce périple, nous avons eu droit également à un résumé historique des tramways mis à notre disposition, ainsi que de celui qui dormait tranquillement dans le hangar et ne sortait pas ce jour-là. Trois machines, donc, de la première moitié du 20ème siècle : un Mongy 420 (qui ne roulait pas), un Mongy 432 de 1926, et une motrice 74 venue de Neuchâtel, en suisse.
Outre la visite virtuelle que je vous propose à chaque article de ce site, vous pouvez découvrir un peu plus encore l’univers de l’AMITRAM en vous rendant sur leur site Web : www.amitram.fr.
Nous remercions très chaleureusement nos cinq compères machinistes de l’AMITRAM qui nous ont accueilli dans leur univers, tout le monde a apprécié leur disponibilité et leur humour. Une bien belle journée en somme qui s’est conclue pour chacun de nous avec quelques rides en plus aux coins des yeux, des gens qui sourient… …Car il faut bien l’avouer : elle est franchement belle la vie… …Avec l’ARH et l’AMITRAM, bien sûr !
Jean-Christophe GARCIA